
Au début, je le faisais vraiment par plaisir et non par conviction. Il y a tellement d'arguments en faveur de cette pratique dans le cadre scolaire, que je ne sais trop s'il vaut la peine de les faire valoir.
En relisant Giasson (La lecture: de la théorie à la pratique ici) j'ai été sidérée: mes yeux se sont écarquillés, mon cerveau m'a commandé de relire et mes cheveux ont frisé... Une enquête au Québec en 1993 révélait que seulement 9% des enseignants du primaire faisaient la lecture aux élèves quotidiennement alors que 52% ne proposaient jamais cette activité. J'espère que ces statistiques seraient différentes près d'une décennie plus tard!
Giasson soulignait que plus les élèves vieillissent, moins on leur lit des textes. Parce qu'ils sont capables de lire par eux-mêmes, on arrête de leur faire la lecture (à l'école, mais à la maison aussi). C'est donc de dire que sans les enseignants du préscolaire et de la première année, la statistique du 9% serait encore plus basse. Déjà qu'elle n'atteint pas 1 sur 10...
Quand j'étais en stage, j'avais installé "l'histoire de Marie-Eve". Chaque fois que je passais du temps dans la classe (une journée par semaine) je préparais une histoire à lire à la classe. J'arrivais avec un nouvel album que je présentais rapidement à l'enseignante en me disant qu'elle profiterait probablement de ce temps sans la prise en charge du groupe pour travailler à de la correction ou autre... Elle m'a interdit de lui présenter en avance le livre que j'allais lire aux enfants en m'expliquant que pour elle, c'était un bonheur de se faire lire une histoire, même si elle est une adulte. Elle préférait savourer ce moment littéraire.

Tout ça parce qu'on se paie le "luxe" chaque jour de lire à voix haute dans nos classes, peu importe l'âge de nos élèves!
Je n'aurais pas si bien dit! Merci!
RépondreSupprimerJe trouve cet article plein de tendresse et de conviction, ce qui ma foi correspond bien à ton blog !
RépondreSupprimerTu parles de montrer aux élèves comment savourer la lecture et je suis tout à fait d'accord.
Quand tu évoques la structure de la phrase, je pense aussi à celle du texte : jamais mes élèves ne se rendent mieux compte de la construction d'un texte que lorsque j'arrête ma lecture à un moment crucial : s'ils avaient le livre entre les mains ils pourraient lire la suite immédiatement, mais quand c'est moi qui lis, la frustration est à son comble. Je dois souvent prouver que je ne triche pas, que le paragraphe s'arrête bien là.
Et je ris chaque année de les entendre s'indigner contre l'auteur : "mais il le fait exprès ou quoi ?!" Beh oui mes mignons, il le fait exprès ! lol Si bien que de temps en temps, quand le suspens est pensant il se trouve un petit malin pour râler à l'avance "t'as voir qu'ça va s'arrêter là, c'est trop obligé !"
Et là l'instit en moi ronronne de plaisir en constatant à quel point la trame narrative devient moins opaque pour eux de livre en livre.
Salut Lauraza,
SupprimerCes moments que tu décris ne sont-ils pas le salaire d'un enseignant?! Tu dévelppes dans ta classe des lecteurs pour la vie et non des lecteurs "scolaires" ou "utilitaires".
On pourrait ajouter à la liste des arguments pour la lecture à voix haute les leçons d'écriture qui en découlent!
Merci pour ton commentaire et le partage de tes pratiques. Il faut que je mentionne que de me faire dire que mon blogue est rempli de tendresse et de convictions est un compliment qui me va droit au coeur! Encore merci.
M-Eve
Lire devant eux c'est ouvrir une porte vers l'inconnu pour finalement arriver à un doux moment de communion et de partage. Lire devant eux c'est découvrir leurs yeux à vos lèvres et lorsqu'on arrive à la fin de l'histoire, découvrir qu'ils en veulent encore,...
RépondreSupprimerPar contre, j'ai posé la question dans mon école, je voulais savoir qui lisait devant ses élèves,... et malheureusement et j'en ai été étonnée mais peu de collègues le font par manque de temps, programme à boucler,...
Je pense que tu es une passionnée chère M-Ève et je suis heureuse de lire tout me que je découvre sur ton blog... cela me permet de me dire qu'il n'y a pas que moi et surtout qu'il y a pire que moi (humour)!!!
Salut Ailleurs,
SupprimerC'est un réel plaisir de t'acueillir ici!
Ton commentaire est franchement beau et fait du bien à lire... sauf pour la partie où les enseignants qui font de la lecture à voix haute se font rares... C'est correct, parfois, il suffit que tu sois contagieuse!
La passion de l'enseignement transpire effectivement de ton message. C'est vrai que je suis parfois intense de ce côté, mais je m'assume entièrement! C'est ce qui fait que je suis si heureuse dans cette profession qui n'est pas toujours facile!
Je regarde ma grand-mère de 87 ans qui a eu une belle carrière en enseignement et dont les yeux pétillent encore quand je lui parle de la profession et je me dis que c'est peut-être même une qualité professionnelle, cette flamme qui nous anime!
Merci encore pour ce commentaire!
À bientôt!
M-Eve
cela rejoint mon point de vue! je partage également cette "conviction " de faire chaque jour un peu de lecture à voix haute pour leur donner envie de lire et de découvrir toutes les richesses des interprétations etc !!!
RépondreSupprimerSalut,
SupprimerMerci de prendre le temps d'appuyer cette pratique! Peut-être cela aura-t-il un effet de contagion!
M-Eve
très bon article bien ec ris meme si l'utilisation de la meme police d'ecriture partout rend le site difficile à lire
RépondreSupprimerMerci Nip pour ton commentaire! Désolée pour la police d'écriture. En fait, je n'ai pas vraiment de pouvoir dessus, car j'ai pris chez Leeloo blogs la configuration du site... Désolée!
SupprimerM-Eve